La Bastille, une forteresse si malchanceuse
Le long chemin jusqu’au mythe républicain
Le 14 juillet 1789, la Bastille entrait dans la grande Histoire. Nous connaissons tous les circonstances qui poussèrent une foule en colère à assiéger et vaincre cette forteresse royale, qui marquait le paysage parisien depuis plus de quatre cents ans. Le séisme de l’effondrement de ses murs fut entendu dans toute l’Europe, jusqu’à la lointaine Russie. Le symbole de l’autorité royale, de l’absolutisme de la monarchie française, n’était plus. La Révolution commençait…
Pourtant, si l’on s’intéresse de plus près à l’histoire de la Bastille, on y découvre une réalité bien moins martiale. Depuis sa construction en 1370 jusqu’à sa chute, elle connut une suite de redditions peu glorieuses. Elle constitua une prison d'État haut de gamme et non une basse-fosse sans retour, comme le suggéraient les gazettes et les pamphlets. Elle symbolisait l’arbitraire royal des lettres de cachet, alors que tous les “embastillés” eurent droit à une instruction et à un jugement. Et le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille aurait sans doute pu être évitée si son gouverneur avait été l’homme de la situation.
Le malentendu se poursuivit lorsque les pierres de la forteresse furent dispersées aux quatre coins de Paris et de la France. On la reconstruisit dans l’imaginaire collectif pour en faire un symbole républicain de l’unité de la Nation. De toute façon, les pierres ne parlent pas…
La Bastille, une forteresse si peu belliqueuse
Commençons par une définition : une bastille est un ouvrage de fortification, destiné à défendre une porte de la ville. C’est bien dans cet objectif que la Bastille de la porte Saint-Antoine fut élevée de 1356 à 1358, sous la prévôté d’Etienne Marcel. La guerre franco-anglaise, commencée vingt ans plus tôt, s’éternisait et ne semblait guère prête de s’achever. Les chevauchés anglaises ravageaient le plat pays. Elles menaçaient les villes qui, en toute hâte, levaient des impôts pour consolider leurs murailles défaillantes.
A partir de 1367, le roi Charles V décida d’accoler à cette porte fortifiée une véritable forteresse urbaine, destinée à renforcer la défense de l’est de Paris. Elle devait aussi faciliter la fuite du roi vers la route de Vincennes en cas d’insurrection parisienne. Prudent, Charles V en avait fait la dure expérience quelques années auparavant.
La première pierre fut posée en 1370 et la construction dura plus de dix ans. Huit donjons hauts de 24 mètres, orientés vers les faubourgs et la ville de Paris, offraient une vue de 360 degrés sur tous mouvements suspects. Ils étaient reliés par des murs d’enceinte de 3 mètres d’épaisseur, sur une longueur de 66 mètres. Pour renforcer le caractère belliqueux de cette orgueilleuse forteresse, celle-ci était entourée d’un fossé circulaire de 25 mètres de large et de 8 mètres de profondeur, alimenté par les eaux de la Seine.
Une forteresse aux pieds d’argile
Curieusement, la suite des évènements démontra que cette Bastille, massive et imposante, n’impressionnait guère les Parisiens et ne rassurait pas davantage les gouverneurs en place. Son histoire fut une suite de redditions peu glorieuses :
En 1413, lors de la révolte cabochienne, le prévôt de Paris se réfugia à la Bastille jusqu’à ce que, effrayé par le nombre des assiégeants, il se rendit contre promesse de la vie sauve.
En 1420, la forteresse fut remise sans discussion aux Anglais.
En 1436, lors de la reprise de Paris par les troupes de Charles VII, la garnison anglaise se rendit à son tour sans combat.
En 1588, durant la journée des barricade et la fuite d’Henri III et de sa cour, la Bastille ouvrit sans conditions ses lourdes portes aux troupes de la Sainte Ligue. Six ans plus tard, au moment de la chute de celle-ci et de l’entrée d’Henri IV dans Paris, celles-ci résistèrent bravement quatre jours….avant de se rendre.
Lorsque le canon tonna enfin…
Les tumultes de la Fronde, replacèrent la Bastille au centre des enjeux. En 1649, les frondeurs s’emparèrent de la place forte. Le 2 juillet 1652, le faubourg Saint-Antoine fut le théâtre d’un affrontement entre les troupes royales, commandées par Turenne, et celles des frondeurs, dirigées par le prince de Condé. Celui-ci se trouvait en fâcheuse posture, piégé à l’extérieur de Paris, devant la porte Saint-Antoine, fermée à double tour. C’est alors que les canons de la Bastille ouvrirent le feu sur l’armée royale, permettant au prince de Condé de reculer en bon ordre et d’entrer enfin dans la ville. Cet ordre incroyable était venu de sa cousine, Mademoiselle de Montpensier, avec l’autorisation de son père, Gaston d’Orléans. Cette décision ne lui serait pas pardonnée par son autre cousin, le futur Louis XIV.
Pour la première fois, la Bastille avait fait ce que le pouvoir royal attendait d’elle, remettre de l’ordre dans les rues parisiennes en usant de sa puissance de feu. Certes, il n’avait pas prévu que ce serait contre lui.
En 1602, Henry IV décida d’entreposer son trésor de guerre à la Bastille, dans la tour dite du Trésor. Elle y gagna le surnom de “buffet du roi”. Garantie indispensable, le roi avait prudemment nommé son loyal ministre Sully, gouverneur de la forteresse.
Une prison d’État huppée
Étonnemment, alors que les portes de la Bastille semblaient s’ouvrir si facilement, la forteresse fut aussi utilisée comme prison. D’abord par Louis XI, puis par le cardinal de Richelieu, qui en fit une prison d’Etat. Quarante-deux cellules spacieuses, éclairées par de vraies fenêtres, meublées à la guise des occupants, garantissaient un séjour supportable pour les prisonniers les plus fortunés. Pour les moins chanceux, un modèle standard leur offrait des conditions de vie plus modestes, mais bien loin des basses fosses.
Les “embastillés” se retrouvaient les hôtes du gouverneur pour des motifs politiques, des affaires relevant de la sûreté de l’État, des délits d’opinion ou d’expression. La répression religieuse y envoya aussi son quantum de prisonniers. Quelques libertins trop tapageurs pouvaient y être envoyés pour y faire contrition. Toutefois, chassons une idée reçue. Si la Bastille symbolisait l’emprisonnement arbitraire selon “le bon plaisir du Roi”, ses archives témoignent aujourd’hui du contraire. Tous ses prisonniers eurent droit à une instruction et à un jugement, avec parfois des décisions de non-lieu ou de libération pour défaut de preuves.
Quelques personnalités de passage à la Bastille contribuèrent à la renommée de la forteresse. Entre autres :
Hugues Aubriot, (intendant des Finances et prévôt de Paris au XIVe siècle),
Jacques d’Armagnac, duc de Nemours, (avant de finir sur le billot),
le fameux Masque de Fer (il y termina ses sombres jours),
Nicolas Fouquet, (avant son jugement),
le Maréchal-Duc de Richelieu, (pour délit de duel, formellement interdit)
Voltaire, (deux fois, pour délits d’expression),
le marquis de Sade…
La notoriété des “embastillés” fit certainement plus pour la légende noire de la Bastille que ses exploits militaires en eux-mêmes.
« Les lettres de cachet restent un symbole du pouvoir arbitraire de la monarchie de l’Ancien Régime. Elles pouvaient expédier en prison, ou en exil, sans jugement, toute personne rebelle à l’autorité royale.
L’ordre d’emprisonnement n’envoyait pas toujours à la Bastille, mais celle-ci reste associée dans l’imaginaire collectif aux terrifiantes lettres de cachet.
»
Une forteresse royale victime de l’imaginaire collectif
La Bastille restait avant tout une forteresse militaire, destinée à assurer l’ordre et la sécurité dans Paris et ses faubourgs. Et comme toute place forte, elle était tenue au secret. Aucunes informations indiscrètes ne devaient sortir de ses murs épais. Une discrétion que les embastillés, avant d’être libérés, s’engageaient à respecter. Cette opacité délibérée, contribua certainement à entretenir la légende noire de la Bastille. Dans l’imaginaire collectif, celle-ci restait un lieu terrifiant où des centaines de personnes, enfermées sans jugement, victimes de l’arbitraire royal, se désespéraient entre des murs humides et sombres.
Pourtant, les archives, jetées aux quatre vents lors de la prise de la Bastille et pieusement récupérées par des archivistes, disent le contraire. Elles témoignent d’un nombre relativement restreint de prisonniers au cours des siècles. D’autant plus, que la prison ne pouvait héberger guère plus d’une soixantaine de personnes à la fois. Par ailleurs, les registres le prouvent, le nombre des prisonniers allait en déclinant progressivement d’un règne à l’autre. En 1789, à la veille de la Révolution, on comptait dans ses murs sept prisonniers, dont quatre faussaires, deux fous et un noble.
L’entretien de la forteresse, prison dépeuplée, représentait surtout un gouffre financier pour les finances royales en faillite. Dès 1784, Necker songeait à la faire détruire. Des urbanistes avaient déjà conçu le tracé d’une vaste place lumineuse, libérée de l’ombre inquiétante de l’autorité royale.
Trop tard, la marche de l’Histoire en déciderait autrement.
Dès le 15 juillet 1789, le démantellement de la Bastille fut pris en main, de sa propre initiative, par Pierre-François Palloy, dit le Patriote. Maître-maçon et entrepreneur de son état, il avait tout de suite réalisé les fructueuses affaires qu’il pouvait tirer de l’effondrement des murailles.
Le 16 juillet, il fut désigné officiellement coordonateur des opérations de destruction, par l’Assemblée constituante. On peut être patriote et avoir le sens des affaires.
Ce 14 juillet 1789, allons enfants du côté de la Bastille
Un lien très particulier liait Bernard-René Jourdan de Launay à la Bastille : il y était né le 9 avril 1740, quand son père y était gouverneur. Officier médiocre, il parvint cependant à récupérer cette prestigieuse charge en 1776, simplement en l’achetant pour la somme 300 000 livres. Le montant peut sembler exhorbitant, mais cette importante mise de fonds se révélait tout à fait lucrative si de Launay occupait la fonction de gouverneur pendant plusieurs années. Ce qui fut le cas, puiqu’il commanda la Bastille durant treize ans. Pour le plus grand malheur de celle-ci, car il se révéla très vite un commandant incompétent et irrésolu. Peut-être plus grave encore, il était totalement inexpérimenté pour défendre une place forte face à une foule déchaînée.
Pour de la poudre et des balles…
L’indécision peut être fatale. Lorsque la foule des Parisiens se présenta devant les portes de la Bastille, elle ne réclamait que de la poudre et des balles, non la vie de ses défenseurs. Malheureusement, le gouverneur de Launay n’avait reçu aucune instruction de Versailles. Il devait s’en remettre à son seul jugement, qui n’était guère fiable, ni très ferme. Il aurait pu - ou il aurait dû - imiter son confrère, le marquis de Sombreuil, gouverneur des Invalides. Celui-ci préféra laisser les Parisiens en colère s’emparer des armes entreposées dans la place, plutôt que d’ouvrir le feu contre eux et provoquer un carnage. En se retirant avec ses troupes, il y gagna la vie sauve. Pour le moment.
Deux solutions se présentaient au gouverneur de la Bastille. Défendre loyalement la forteresse royale et ouvrir le feu, ou céder aux demandes des émeutiers et leur remettre les réserves de poudre et de balles. A l’exemple fréquent des indécis, de Launay chercha à gagner du temps. Il accepta de discuter avec les délégués des émeutiers, il tergiversa, il hésita. Il ne réalisait pas que ces longues discussions attisait la suspicion d’une foule en colère. Il suffisait d’une étincelle pour allumer le brasier. Elle surgit fatalement lorsqu'un groupe força les portes et entra dans la cour extérieure de la Bastille. Après sommation, la garnison ouvrit le feu… Nous connaissons la suite.
La Bastille fut perdue en grande partie parce que son gouverneur n’était pas l’homme de la situation. Il réalisa trop tard que des murs hauts de 24 mètres étaient impuissants devant une foule déterminée. Lynché en place de Grève après sa reddition, Bernard-René de Launay finit cette lamentable journée la tête fichée sur une pique. Le dernier gouverneur de la Bastille fut ainsi l’une des premières victimes de la Révolution.
Un séisme entendu dans toute l’Europe
Les historiens discutent encore pour déterminer la date officielle marquant le début de la Révolution française. Bien inutilement, car la postérité l’a fixée depuis longtemps au 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille. La véritable question est de comprendre pour quelle(s) raison(s), la chute d’une forteresse royale, qui ne s’illustra jamais pour son indéfectible vaillance, devint le symbole de la chute de la monarchie absolue.
L’évènement, mineur d’un point de vue militaire, fut incontestablement un fait majeur du point de vue politique. Il consacrait l’effondrement de l’autorité royale et de son administration. Surtout, il eut un immense retentissement, en France et dans toute l’Europe. Incrédulité, stupeur, enthousiasme, peur, les réactions furent multiples. Cependant, elles démontrèrent que tous, nobles, militaires, bourgeois, étrangers de passage, admettaient que les temps de la monarchie française absolue n’étaient plus. Plus que en l’évènement lui-même, c’est peut-être par la perception que les témoins en eurent, qui le transformèrent en mythe national, l’unité de tout un peuple pour conquérir sa liberté.
La Fête de la Fédération et de l’unité de la Nation
Le 14 juillet 1790, un an jour pour jour après la chute de la Bastille, une foule immense se trouvait rassemblée au Champs-de-Mars. L’idée venait de La Fayette, commandant de la garde parisienne. Organiser une fête nationale de la Fédération, à l’exemple des fêtes civiques qui s’étaient déroulées spontanément en province. Elle avait été acceptée par l’Assemblée nationale qui y voyait une occasion de célébrer l’unité de tous les Français. Ce qui n’était pas si fréquent.
Près de cent mille fédérés de toutes les provinces défilèrent aux sons des tambours et des acclamations. Il y eut des serments solennels de fidélité à la Constitution et au Roi. Une messe fut célébrée par des centaines de prêtres (dont un certain Talleyrand). L’ambiance était à l’enthousiasme et à la liesse. Le roi, l’armée, les députés, l’Église et le peuple, tous étaient unis et réunis pour célébrer le premier anniversaire de la prise de la Bastille. Désormais, cet évènement prenait date dans la Révolution, il marquait le début d’une ère nouvelle de liberté. Dans l’histoire de la France, il y eut quelques moments où les Français, unis dans une même ferveur, semblèrent touchés par la grâce et l’espoir ; la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 fut l’un d’eux.
La fuite du roi à Varennes, la crise politique et économique, les guerres extérieures et de Vendée, la Terreur… la Révolution fut bientôt rattrapée par ses démons. Le souvenir de la fête de la Fédération s’évanouit derrière l’ombre de la guillotine et la Bastille n’existait plus.
« Article unique - La République adopte la date du 14 juillet jour de fête nationale annuelle.
La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l’Etat.
Loi du 6 juillet 1880 »
Une Bastille qui renaît de ses cendres
Les régimes politiques suivants, du Premier Empire au Second Empire, préférèrent oublier le souvenir du 14 juillet 1789. Les souverains successifs choisirent d’autres dates pour célébrer la grandeur de leur règne. La Restauration, après le séisme révolutionnaire anticlérical, remit à l’honneur les saints patrons du roi régnant : saint Louis, saint Charles. Les Bonaparte, oncle et neveu, préfèrent la fête de Saint-Napoléon, instituée le 15 août, par décret du 19 février 1806. Ceci en vertu du principe qu’il est toujours plus prudent de s’occuper soi-même de sa gloire. Dans ce jeu de chaises musicales, la Bastille avait perdu son tour depuis longtemps. Mais, le destin joue parfois de curieux tours. Le désastre de la guerre de 1870 et la chute de l’Empire, permirent le retour des républicains sur la scène politique. Et celui du souvenir de la Bastille.
Une Troisième République à la recherche de symboles
Lorsque la Troisième République fut proclamée le 4 septembre 1870, après le désastre de Sedan, peu de personnes auraient parié sur sa pérennité. Les républicains restaient minoritaires et les conservateurs, légitimistes et orléanistes, n’avaient pas dit leur dernier mot pour restaurer une monarchie en France. Cependant, au tournant de 1880, la détermination et la combativité des républicains leur avaient permis de reprendre le contrôle des institutions de la République. Mais celle-ci restait fragile. Elle devait trouver des symboles forts et des pratiques collectives pour rassembler tous les Français dans une union nationale et républicaine. Peut-être une journée nationale fériée qui unirait tous les français derrière un symbole fort…
Le retour en grâce de la Bastille
La France étant un État de droit, la question ne pouvait être débattue qu’au Parlement (Chambre des députés et Sénat). Et si le principe était acquis, le choix de la date n’alla pas de soi, selon les critères retenus. Pour fédérer le peuple français, cette journée nationale devait mettre en avant le rôle majeur joué par celui-ci, l’affirmation de son émancipation, de sa souveraineté, de sa lutte pour la liberté.
On procéda par donc par élimination :
la date de l’instauration de la IIIe République rappelait trop les circonstances de sa naissance, l’effondrement de l’Empire et le désastre de la guerre.
la révolution de 1848 avait très vite perdu son élan révolutionnaire pour devenir une République conservatrice qui avait facilité le coup d’État de Napoléon III.
les Trois Glorieuses avaient coïncidé avec l’arrivée au pouvoir des orléanistes.
Il restait les mythes fondateurs de la Révolution française. Parmi ceux-ci, la date du 14 juillet s’imposa assez vite. Mais quel 14 juillet ? Celui de la prise de la Bastille ou celui de la fête de la Féderation ? En fait, la loi du 6 juillet 1880, qui instituait le 14 juillet comme jour de fête nationale, était suffisamment succincte pour satisfaire tout le monde. Les républicains radicaux pouvaient ainsi exalter l’héroïsme populaire qui avait mis à terre le symbole de la puissance monarchique. Les républicains modérés et certains orléanistes étaient libres de préférer la concorde et la ferveur de la fête de la Fédération de 1790. La Chambre des députés, elle aussi, avait besoin d’une date consensuelle qui la fédérait autour d’un projet commun.
La Bastille entrait définitivement au Panthéon des mythes républicains. Et qu’importe les raisons, si le résultat est honorable. La forteresse royale, si peu glorieuse, ne méritait peut-être pas un tel hommage. Mais les personnes, qui le 14 juillet 1789 avaient donné leur vie au nom de la liberté, avaient bien gagné le respect de la République.
Conclusion
La logique de la postérité répond à des lois qui nous échappent bien souvent. Il y a la vérité historique, qui n’est pas toujours très glorieuse, et il y a le mythe, forgé de malentendus, de fantasmes et de hasards. Il élimine tous les détails disgracieux, il police l’évènement de tout ce qui pourrait ébranler le piédestal sur lequel il est élevé.
L’histoire de la Bastille, cette forteresse si malchanceuse, en est un exemple. Dans son fonctionnement, elle n’ était rien d’autre qu’un rouage de l’administration royal. Un organe qui coûtait cher à celle-ci et qu’elle avait condamné à moyen terme à la destruction. Ce qui se passa le 14 juillet 1789 relève de l’un de ces imprévus sismiques dont notre histoire a parfois le secret. Par sa chute même, la Bastille fut projetée vers le firmament des mythes fondateurs, la victoire du peuple français sur la tyrannie. Ce n’était pas prévu.
Aujourd’hui encore, la commémoration du 14 juillet est célébrée sur un malentendu. On se remémore la journée sanglante où les Français mirent à terre une puissance monarchique millénaire pour conquérir leur liberté. Mais qui se souvient de l’autre 14 juillet ? Celui où tout un peuple, emporté par la même ferveur d’un avenir prometteur, jurait de rester toujours uni, dans la concorde et le respect de la Nation ?
Dommage.
Pour en savoir plus :
La Bastille - https://fr.wikipedia.org/wiki/Bastille
Prise de la Bastille - https://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_de_la_Bastille
Fête de la Fédération - https://fr.wikipedia.org/widi/Fêtedela_Fédération
vie-publique.fr - que célèbre-t-on le 14 juillet ?
Légifrance - loi du 6 juillet 1880
Site Elysée - la fête nationale du 14 juillet
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